Sabine Godemel, une famille de coeur

Agnès Benoit - 20 décembre 2017

C’est la seconde fois que Sabine reçoit un enfant, chez elle, à Versailles, dans le cadre de l’association Mécénat Chirurgie Cardiaque. Pour cette ancienne ingénieur agronome, mère de trois enfants, déjà engagée envers les plus défavorisés, il était naturel d’aider ces enfants du bout du monde, avec des malformations cardiaques inopérables chez eux. Toute une chaine se forme, sur le chemin de la guérison, dont Sabine est un des maillons essentiels : un foyer pendant deux mois. Rencontre.

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© AnnaClick

Elle a sept ans et court partout, dans l’appartement, avec ses nouvelles bottes ! “Dans sa valise il y avait des tongs et deux tee-shirts alors il a fallu investir un peu” sourit Sabine. Demain matin, Deborah va être opérée à l’hôpital Necker d’une malformation cardiaque plutôt grave, une tétralogie de Fallot. Une intervention de 6 heures. “Dans ce service, il n’y a que des bébés ! Déborah aurait du être opérée il y a bien longtemps. Elle est arrivée en grande détresse respiratoire et ne peut faire deux pas sans s’essouffler, je la promène d’ailleurs en poussette. Elle ne pèse que 13 kilos ! Cette opération, c’est un peu sa dernière chance, m’ont expliqué les médecins…” ajoute-t’elle, en cachant son inquiétude. Lovée dans les bras de Sabine, on entend mieux la respiration forte et précipitée de la petite-fille, qui réclame les chansons de Noël, qu’elle adore. “Les écrans c’est sa passion ! Et dire que chez elle, à Pointe-Noire, au Congo, elle n’a ni l’eau courante, ni l’électricité. Elle adore voir l’eau du robinet couler sur ses mains et s’est plutôt bien adaptée. Le plus difficile c’est la nourriture et j’avoue, qu’il n’y ait pas d’autres enfants ici pour jouer, les miens sont grands et partis de la maison”.

Une aventure humaine

Sabine s’est lancée dans l’aventure Mécénat Chirurgie Cardiaque cette année, mais cela fait bien longtemps qu’elle s’occupe d’enfants, cours d’alphabétisation, de français en langues étrangères, soutien scolaire… “L’association est très rodée. explique t’elle. J’ai eu plusieurs entretiens et si on rencontre des problème avec l’enfant, on peut appeler 24h sur 24. Après l’opération, il est pris en charge dans une maison de convalescence. En tout, on s’en occupe 2 mois. On donne de son temps, de son écoute et bien sûr de l’affection à l’enfant, c’est plus précieux que de l’argent, en tout cas moi je me sens plus utile” avoue Sabine. “On voit tout de suite le résultat, après l’opération, c’est impressionnant, ils courent, sautent, reviennent à la vie, quelle joie ! “Avant l’arrivée de la petite Déborah, Sabine a reçu en début d’année une jeune adolescente, Flora, aux difficultés cardiaques moindres et l’expérience n’a pas été très heureuse pour notre famille d’accueil qui n’a pas réussi à nouer de vraie relation avec elle. “Flora était extrêmement introvertie, au point de ne prendre aucun plaisir à un merveilleux spectacle de cirque organisé par l’association. Elle semblait absente de tout, et surtout d’elle même. Il aurait peut-être fallu qu’elle voit un psychologue. Mais je n’ai pas voulu rester sur cet “échec relationnel” et j’ai rappelé l’association pour accueillir à nouveau un enfant. Au début on n’y croit pas, mais c’est vrai qu’on finit par s’impliquer comme avec son propre enfant, ses joies sont les nôtres.”

Pour faire battre les coeurs

Chirurgie Mécénat Cardiaque travaille bien sûr en amont, en Afrique et ailleurs, pour développer des pôles de dépistage, former des chirurgiens sur place. Mais le travail du professeur Francine Leca, ancienne chef du service du chirurgie cardiaque de l’hôpital Necker, qui a fondé l’association en 1996, reste primordial : l’opération d’un enfant coûte près de 10000 € !! Et les onze centres chirurgicaux de France, avec près de nous, l’hôpital Marie Lannelongue du Plessis-Robinson, ont reçu près de trois mille enfants depuis les débuts. Il y a mille façons d’aider cette extraordinaire  association qui organise beaucoup d’évènements caritatifs et fait aussi appel à votre sens de l’initiative, devenir école du coeur, créer sa collecte, être bénévole sur un évènement… A Versailles, en septembre, on pouvait participer aux Yogis du Coeur, à l’Orangerie du Château de Versailles, ce qui a permis d’opérer 3 enfants tout en vivant une pratique magique du yoga, dans un lieu très inspirant. Devenir famille d’accueil, c’est vraiment le maillon le plus fort, de toute cette chaîne d’entraide et de solidarité ; accompagner l’enfant vers la guérison, alors qu’il est loin de sa famille. Un challenge que Sabine est prête à relever encore souvent, avec l’enthousiasme et la générosité qui la caractérise !

 

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