“Y’a de la joie” et du coeur à la Ruche !

Domitille Blanc Tavernier - 12 février 2019

De jolis objets artisanaux, ciselés avec le cœur. Le cœur de jeunes adultes porteurs d’un handicap mental qui rejoint celui de bénévoles, s’affairant ensemble dans de joyeux ateliers quotidiens. Voilà ce qui se fait à la Ruche. Deux fois par an ces objets sont proposés lors de grandes ventes attirant tout Versailles. Un succès croissant lié à la joie de ce lieu de vie et d’échange où le handicap se vit sereinement.

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À l’origine de la création

Dans l’un des octrois de l’avenue de Paris, prêté par la mairie de Versailles, on prépare déjà la prochaine vente de printemps. Ils sont maintenant 16 jeunes adultes, filles et garçons handicapés sans trouble du comportement, à y venir bricoler tous les jours de la semaine des objets entièrement fabriqués sur place, où bien chinés, et rénovés. Devant le succès deux fois par an de ces ventes, on a voulu en savoir plus sur ce supplément d’âme que contient ces objets, où le beau côtoie la simplicité et la qualité.
Fondée il y a 12 ans pour proposer des activités à des jeunes femmes trisomiques, Les amis de la Ruche, association loi 1091, ne reçoit aucune subvention et vit de la vente de ses produits. Elle a également la chance d’être logée au cœur de la ville, ainsi les jeunes sont intégrés dans le quartier. Dans ces ateliers variés, de délicats motifs viennent orner des objets de la vie quotidienne, utilitaires ou de décoration, en bois, en porcelaine ou en tissus.

Le plongeon

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C’est à l’atelier « peinture sur bois » que nous avons été accueillies un mardi après-midi. Passant devant un four à  porcelaines en fonction, nous plongeons dans un joyeux bain coloré de camaïeux de bleus, violet, de rouge, avec, dès le départ, un accueil chaleureux de Marie, 22 ans, porteuse d’une trisomie 21. Accompagnées de la Directrice de la Ruche, Carine de Grandmaison, psychologue spécialisée dans le handicap, qui nous présente aussi Maud et Claire, handicapées. Tabliers d’artistes blancs maculés de tâches de peinture colorées, Edwige, porteuse d’une trisomie 21, le retourne avec l’aide de Carine, pour faire bonne impression…. Sourires sur tous les visages, regards intrigués, visages différents, mais avant tout, joyeux. chacun suspend son geste, nous accueille avec chaleur. Puis très vite, chacun se concentre sur sa tâche, guidé par une animatrice.

Les jeunes peignent minutieusement leur objet, dont certains proviennent de la fabrication ou du découpage du bois par d’autres équipes, avec autant d’application. Selon Carine : « La dignité de l’homme passe par le travail, c’est pourquoi nous sommes exigeants sur la qualité des objets fabriqués à la Ruche, pour que chacun en soit fier.»
Dans l’atelier du rez-de-chaussée, même ambiance : Anthony, Louis, avec d’autres jeunes femmes s’appliquent, aidés d’Emmanuelle, Anne-Sylvie, Béatrice et Cécile.

La joie attire les bénévoles

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Les animatrices veillent avec douceur et bienveillance à l’attention au détail, à la concentration. On rit, on papote et surtout, on est attentif à chacun. Carine nous dit être très très gâtée : « on a un animateur pour deux jeunes, voire un pour un, et deux animateurs viennent aussi chaque jour pour le déjeuner ». Comment Carine arrive-t-elle à mobiliser chaque année 85 animatrices bénévoles, de Versailles ou ses environs ?
Ce sont celles-ci qui nous éclairent. Cécilia est très touchée par ces jeunes, qui « partagent nos émotions, ils sentent les tensions, donc naturellement, vous avez envie d’éviter tout ça. Vous entrez ici, dans un monde où on va voir les choses positives. On est pris par cette simplicité, qui mène à la Joie ». Béatrice vient depuis comme bénévole depuis 3 ans : « Je suis ravie, c’est mon rayon de soleil de la semaine, ma bouffée d’oxygène. ils ont une fraîcheur, on rit beaucoup ». Une joie qu’elles disent redonner en rentrant chez elles.
Emmanuelle, autre bénévole, précise : « La joie, est présente mais il ne faut pas qu’elle déborde. Il faut donner du cadre car les émotions sont très fortement vécues et contagieuses ici ». Toujours dans le but de maintenir une concentration suffisante.
Chaque année les bénévoles sont plus nombreux à frapper à la porte des ateliers pour proposer leur aide, le bouche-à-oreille fonctionne très bien ; Carine rencontre chaque nouvelle bonne volonté pour s’assurer que, bricoleuse ou non, elle a le désir de s’investir auprès de personnes handicapées et les accompagner.

Un lieu de vie et d’amitié

Plus qu’un atelier d’artisanat, La Ruche est donc un lieu de vie et de partage, où l’on vit aussi sa foi . Un lieu où le handicap s’efface devant la personne, qui est vue comme toute autre, avec ses forces et ses fragilités, ses différences, mais « où la différence s’estompe et laisse place à un échange d’adultes à adultes », d’après Cécilia. Un lieu d’échange qui permet de nouer de belles amitiés si sincères entre bénévoles, mais aussi avec les personnes porteuses d’un handicap et avec leurs familles.
Le secret de ce partage ? Il est peut-être dans le choix qu’exprime la responsable, Carine de Grandmaison : « On s’inspire de Jean Vanier, fondateur de la communauté de l’Arche, qui place la personne au cœur de son action ».
C’est ce qui fait peut-être que ces personnes handicapées progressent si bien, suggère Béatrice qui vient depuis quatre ans : « ils sont beaucoup plus autonomes, plus concentrés et c’est très intéressant de voir l’évolution, pas seulement dans le bricolage, mais sur le plan relationnel ; ils sont plus à l’aise et plus dans l’échange. ». Ce sens particulier donné à la Ruche attire de nombreuses familles, qui y espèrent une place pour leur enfant.

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POUR ALLER PLUS LOIN

Les ventes au profit de la Ruche ont lieu deux fois par an au centre Jean XXIII 8 avenue Dutartre 78150 Le Chesnay
La prochaine vente de la Ruche aura lieu le mardi 14 mai.

Association La Ruche| pavillon de l’Octroi, avenue de Paris 78000 Versailles | carinedegrandmaison.laruche@gmail.com | Facebook | Vidéo Youtube

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