Porchefontaine : une autre vie versaillaise
Situé à la limite de Versailles et en bordure de forêt, l’accès à Porchefontaine est limité : deux passages seulement en laissent l’entrée, l’un avenue de Paris et l’autre via la rue du Pont Colbert. Bref, on n’y passe pas par hasard. Pour venir ici il faut avoir une bonne raison, et ça tombe bien car nous en avons trouvé plusieurs ! Infiltrées dans un café des copines, nous sommes allées à la rencontre des autochtones, pour constater que les Porchifontains n’étaient pas malheureux, au contraire ! Fiers de leur quartier, ils se sont fait un plaisir de nous le présenter. Suivez le guide !
Un peu d’Histoire
Il suffit de lire le nom des rues pour comprendre l’histoire de Porchefontaine. C’est Etienne Porcher qui prête son nom à la Seigneurie du XIVème siècle. Zone marécageuse (rues de l’étang, des Nouettes ou de la Fontaine), elle abrita une abbaye cistercienne (rues des Moines et des Célestins), avant de devenir, au XIXème, un quartier d’ouvriers (qui travaillaient rue des… Chantiers !). Dès 1900 l’activité bat son plein avec un Hippodrome, une piscine, un cinéma et de nombreux commerçants, mais cet âge d’or s’éteint malheureusement dans les années 1970. Aujourd’hui, beaucoup de commerces ont disparu, laissant l’image d’un quartier fantôme et jugé trop éloigné du centre. On voit toutefois renaître quelques boutiques et restaurants de qualité ( LocaBio, le Zin’s, Gaberem, Chez Toinette, etc.), ainsi que de très bonnes boulangeries, sans compter le marché 2 fois par semaine ! L’histoire de Porchefontaine a laissé sa trace jusque dans l’esprit de ses habitants: « c’est un quartier simple où les ouvriers s’étaient construit de petites maisons avec un jardin pour cultiver leurs poireaux et pommes de terre » témoigne Marie Acauet, résidente depuis plus de 30 ans et qui se rappelle du temps où on laissait ses sabots sur des étagères à la gare avant de prendre le train pour Paris. Une simplicité qui semble avoir résisté au temps : « Ce n’est pas guindé ici, les gens sont moins attachés à leur image qu’ailleurs dans Versailles » pense Myriam. Un quartier où on est accueilli sans chichis et qui offre de nombreux avantages !
De l’espace, de la verdure, de l’art et du sport… que demander de plus?
« Rien qu’en se promenant dans les rues, on a l’impression de se balader dans les jardins » constate Aude. C’est vrai que les arbres fruitiers sont nombreux et laissent leurs branches négligemment retomber sur le trottoir, offrant à la dérobée un kiwi, un coing ou une framboise à l’heureux passant. Les maisons en meulières sont également un plaisir pour les yeux, et deviennent un bien rare ! « On espère qu’elles ne seront pas préemptées et jetées en pâture aux gros promoteurs qui construisent d’immenses résidences impersonnelles comme dans d’autres quartiers » fait remarquer Marie qui vient du quartier de Montreuil. Parce qu’elles se font de plus en plus rares, le prix des maisons augmente, repoussant les familles toujours plus loin, à Viroflay, au Chesnay ou… à Porchefontaine. Grand bien leur en fasse, car ici elles ne seront pas déçues ! Avec une maison de quartier qui propose de nombreuses activités, le Chapiteau où sont enseignés les arts du cirque, et l’A.I.D.A.S (école supérieure d’art dramatique), il y a de quoi faire ! De son côté, la forêt injecte une véritable bouffée de chlorophylle et ouvre le quartier sur des kilomètres de verdure et de nature. A ses abords, on y trouve la majeure partie des infrastructures sportives : centre équestre et poney club, terrains de foot, de tennis, de rugby et de basket, mais aussi dojo (salle d’arts martiaux), halle d’athlétisme et salle de musculation, de gymn et d’escrime. C’est donc tout naturellement ici que le Centre sportif et la Maison des Sports de la Ville aient élu domicile. Des installations qui font le bonheur des familles et qui semblent avoir instauré une culture de la rencontre et du rendez-vous collectif. Accueillir les nouveaux est d’ailleurs devenu un sport local !
Ouverture, intégration et solidarité : des valeurs vécues au quotidien
Ceinturé par la voie ferrée d’un côté et l’A86 de l’autre, c’est sans doute ce cloisonnement qui a favorisé dans le quartier une identité et un sentiment d’appartenance très forts, tels qu’on en trouve chez les peuples insulaires ! La fierté des habitants n’empêche cependant pas ce village de Gaulois d’être accueillant. Et pour cela on y met les grands moyens : événements, festivals, fêtes et traditions ont pour but de permettre aux nouvelles familles de se rencontrer et de s’intégrer à l’esprit joyeux qui règne à Porchefontaine. Les écoles primaires Yves Le Coz, Pierre Corneille, ainsi que celle hors contrat Charles De Foucauld, sont une bonne porte d’entrée pour repérer les nouveaux. Chacun est invité à les dénoncer auprès de Catherine qui gère le listing du Café des Copines : « Il y a une vraie attention aux nouveaux, toutes les copines ont pour mission de les repérer et de les mettre dans le réseau. Après elles sont invitées au café des copines, en journée pour celles qui ne travaillent pas, ou bien celui du soir pour les autres » témoigne Tiphaine arrivée il y a deux ans. Cette ancienne parisienne qui appréhendait son arrivée à Versailles a expérimenté l’ouverture, la simplicité et la générosité des gens du quartier : « J’avais un a priori sur Versailles comme étant une ville très bourgeoise et catho, j’avais peur de ne pas m’intégrer en étant divorcée et non croyante, mais je me suis tout de suite sentie acceptée et les enfants ont très vite été invités partout ». Le bal La Môme, le Rallye des familles, la gazette du quartier (L’Echos des Nouettes), la Foire aux plantes, le Baz’art des Mômes, sont autant d’événements favorisant l’intégration : « quand t’as un bas sur la tête avec une balle de tennis dedans, ça détend tout de suite les gens et ça rapproche aussi ! » s’amusent les filles autour de la table. Avec 250 mamans dans le réseau, l’entraide est réelle : « Dès le premier, jour une maman que je ne connaissais pas m’a proposé d’emmener Jo à la danse. Quand t’as besoin d’un déguisement tu as une réponse dans la seconde. Le réseau des copines ce n’est pas que des mondanités, c’est vraiment fort » ajoute Tiphaine qui adhère totalement à cette philosophie et qui n’a pas hésité à proposer son appartement quand quelqu’un cherchait d’urgence un toit.
Si Montreuil est un village, Porchefontaine se vit davantage comme une communauté où le lien social est entretenu avec passion. Un quartier qui a gardé son âme d’enfant où règnent le sens de la fête, du partage et de la nature, à l’image de sa mascotte, Bécassine, que les ouvriers bretons ont importée en leur temps et qui est célébrée chaque année au bal La Môme. Bref, comme le dit si bien Marie-Laure : « ici c’est comme dans le Nord : on pleure quand on arrive et on pleure quand on part ! ».
Photo à la une © Ville de Versailles – Gilles Bocs