Comment changer le monde avec l’école comestible selon Erika Fournel ?
Si, selon Maria Montessori, l’éducation est la meilleure arme pour la paix, et bien l’éducation alimentaire y participe en renforçant le partage, en faisant prendre conscience de ce que nous donne la nature de si précieux qu’il ne faut rien gaspiller, de la nécessité de la préserver et d’en prendre soin. Cette éducation au Vivant redonne aux enfants la notion de la lenteur dans un temps où tout est instantané. Elle leur fait prendre conscience d’eux-même, de leurs sensations et les apaise ! Depuis 2019, l’association l’école comestible dont fait partie Erika, propose des ateliers, au sein des écoles, pour éduquer les enfants au goût, à connaitre les saveurs des aliments, à les nommer, à savoir d’où ils viennent, à installer et entretenir un potager : une éducation alimentaire nouvelle que la fondatrice de l’école comestible, Camille Labro, journaliste culinaire, appelle “une révolution délicieuse”.
Qu’est ce ce que l’association l’école comestible ?
L’association s’inspire des principes d’un programme américain, celui d’Alice Waters, enseignante Montessori. Ayant découvert la gastronomie française lors d’une année d’étude à Paris, elle a ouvert son propre restaurant aux Etat-Unis en se fournissant localement puis a mis en place un potager et une vraie cuisine dans une école, ce qui a conduit les enfants au partage, à se mettre à table ensemble pour savourer un bon repas. Plus de 5 000 programmes ont vu le jour dans des écoles américaines avec comme crédo : prendre soin de la planète et apprendre à vivre en communauté.
©L’école comestible
L’école comestible souhaite, quant à elle, privilégier d’abord les enfants les plus défavorisés et les petits citadins qui sont les plus loin de la nature et d’une alimentation saine. Elle propose deux grands axes d’action :
- créer et entretenir un potager pour végétaliser la cour de l’école mais aussi reconnecter les enfants aux saisons, au temps, leur faire prendre conscience de l’origine de ce qu’ils mangent
- des ateliers d’éducation alimentaire en lien avec les enseignants. Ces ateliers permettent d’aborder d’autres thématiques en lien avec les mathématiques pour calculer les quantités dans une recette par exemple, ou en lien avec l’histoire et la géographie avec la provenance et l’histoire des épices…
Erika, pourquoi as-tu rejoint l’école comestible ?
L’éducation alimentaire est un sujet que j’ai placé au cœur de ma vie. Cela faisait longtemps que ce sujet alimentait mes réflexions : comment faire du mieux possible pour bien me nourrir et nourrir ma famille avec ma vie bien remplie ? Comment faire pour que mes enfants mangent facilement de tout ?
De part ma nouvelle formation et ma reconversion au métier de diététicienne nutritionniste et mon rôle de maman de 4 enfants, je vis au quotidien l’éducation au goût, au vivant, à l’anti-gaspillage que je partage via mon blog. Je vois aujourd’hui les fruits de mon éducation à la maison : un de mes enfants souhaitant une tropézienne aux abricots pour son anniversaire au mois de juin a, de lui même, vérifié dans le carnet des saisons des fruits et légumes posé dans la cuisine s’il y avait des abricots à cette date là…. et non ! La déception fut courte, il repéra un autre gâteau.
J’ai rejoint tout naturellement l’école comestible d’abord pour créer ou améliorer les supports pédagogiques que sont les fiches de déroulé d’un atelier au sein d’une école mais aussi des posters de légumes de saison ou de plantes aromatiques, des jeux, des calendriers de semis. Ces supports sont conçus à plusieurs et en particulier avec des chefs.
Nous testons beaucoup nos ateliers pour les adapter si nécessaire, aussi bien dans leur durée que dans le vocabulaire employé. Nous testons les recettes que nous donnons aux enfants pour qu’ils puissent les refaire facilement à la maison avec leurs parents et sensibiliser ces derniers dans la foulée !
Une fois les supports des ateliers créés, j’avais envie de voir par moi-même ce que les enfants en pensaient et leurs réactions. C’est pourquoi j’anime des ateliers.
Comment se passe un atelier au sein de l’école ?
©L’école comestible
La durée varie en fonction de l’âge des enfants : 1h en maternelle et 1h30 pour les plus grands. Il y a toujours trois temps :
- un temps de questions/réponses tous ensemble pour amorcer le dialogue, les faire réfléchir, les rendre curieux
- un temps par petits groupes de 6 ou 8 enfants animés par un bénévole de l’association ou des parents d’élèves volontaires pour goûter les aliments, les reconnaître, comprendre d’où ils viennent
- à nouveau, à la fin, un temps en groupe pour récapituler ce qui a été appris et répondre aux questions éventuelles
Nos ateliers sont variés : réalisation d’une vinaigrette pour faire connaitre les goûts primaires que sont le sucré, le salé, l’acide, l’amer ; cagette de saison pour apprendre ce qui pousse sous la terre ou au dessus, les familles de légumes ; soupe anti-gaspi ou comment ne rien perdre comme les fans de radis, le vert des poireaux ; compote de fruits moches pour expliquer que même avec des pommes un peu cabossées, il est possible de faire une compote délicieuse ; fermentation, dans lequel les enfants remplissent des bocaux de légumes pour découvrir le goût, la conservation, la digestibilité des aliments fermentés.
Que retires-tu de tout cela ?
© Art Shooting et L’école comestible
C’est un immense bonheur car les enfants sont toujours très heureux de ces ateliers. Les enseignants sont stupéfaits quand ils voient une classe entière engloutir, à l’heure du goûter, des morceaux de fenouil, de carotte, de radis, trempés dans de la vinaigrette. J’ai une grande satisfaction à transmettre cette éducation au Vivant : un enfant m’a expliqué, à la vue des graines de sésame, que c’était celles du hamburger. Il était stupéfait quand il a su qu’elles poussaient sur une tige dans le sol des pays chauds comme l’Inde ou l’Afrique ! Une autre fois, c’est le radis noir qui a eu beaucoup de succès. Inconnu de tous au début de l’atelier, il a suscité un tel engouement que des parents m’ont dit avoir dû en acheter séance tenante pour le repas du soir !
Tout cela m’inspire pour la prise en charge familiale que je propose dans le cadre de mon activité de diététicienne.
Et après ?
Nous avons hâte de pouvoir “monter” des ateliers aux collèges, et que l’éducation alimentaire soit au programme de l’éducation nationale. Enfin, nous souhaitons développer un troisième axe : sensibiliser les municipalités en vue de changer les modèles de restauration scolaire. Nous avons du pain sur la planche !
Au milieu d’une cuisine baignée de lumière d’où l’on aperçoit le jardin et son compost ainsi que le ciel en grand à travers d’immenses baies vitrées, zOOm a fait une rencontre merveilleuse. Ici, on se fraye un peu de place sur la table de la cuisine et ce n’est pas un café qui vous est proposé mais un verre de kefir qui vous laisse un petit goût amer sur la langue ainsi qu’un peu de douceur. Vous partez, mais vous vous demandez si vous n’avez pas un peu rêvé…
Ce qui est sûr c’est que grâce à Erika, les ateliers investissent les écoles de Versailles ! Si l’aventure vous tente et si vous souhaitez vous engager au sein de cette association, n’hésitez pas à la contacter !
L’école comestible site Internet
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