Versailles : une ville ruchissime!
Article rédigé par Erika Fournel et Anaïs Philippon
L’été arrive, et avec lui son lot de petites bêtes, comme les abeilles, qui viennent lécher vos assiettes en fin de repas. Par peur de la piqûre, surtout sur nos têtes blondes, on a vite fait de les écraser avec la fourchette : et hop, elle l’a bien mérité celle-là ! Pourtant, la soudaine et brutale hausse de la mortalité de ces insectes met en péril l’environnement. En effet, leur pollinisation participe à la reproduction de 80% des végétaux, soit environs 200 000 espèces différentes. C’est pourquoi leur retour est aujourd’hui un enjeu écologique majeur et déclaré cause environnementale nationale dans de nombreux pays, dont la France. Zoom au niveau local : qu’en est-il à Versailles ?
L’engagement de la Mairie
Dans la continuité de son engagement au zéro-phyto en 2005, la ville de Versailles a favorisé dès 2014 l’installation de ruches sur son territoire. Le premier parc voit le jour au cimetière des Gonards, et depuis, différents instituts publics se sont prêtés au jeu : les lycées Marie Curie et Jules Ferry, le collège Rameau, Satory, le Potager du Roi, etc. Toutes ces ruches sont gérées par le prestataire Alban Augé. Ce biologiste de formation a créé sa société, Ma Ruche à la Maison, qui forme et conseille les agents municipaux des collectivités locales. Pour les particuliers, il propose de fournir gratuitement le matériel et de les accompagner sur la mise en place de ruches en contrepartie d’une aide sur l’entretien de ses parcs apicoles et quelques pots de miel. Un échange de services qui semble avoir du succès ! Accroc au miel, Alban a eu l’idée de proposer aussi des produits dérivés fabriqués à partir du nectar qu’il récolte : savons, caramiels, nougats, bonbons au miel, bref de véritables sucreries au naturel qui ne modifieront pas votre taille de guêpe !
Une idée qui fait mouche
A la suite de la Mairie, tout le monde veut ses ruches : le Potager du Roi, l’INRA… Dans le parc du Château de Versailles, les premières ruches ont vu le jour au Hameau de la Reine en 2008 en partenariat avec l’UNAF (Union Nationale des Apiculteurs de France). Aujourd’hui celles-ci ont disparu, mais depuis avril 2019, huit ruches sont présentes dans le Domaine du Trianon, dont la gestion apicole est assurée par la Ferme de Gally. En plus de produire du miel, elles ont pour but d’effectuer un monitoring environnemental (surveillance de la qualité des sols, de l’eau, des espèces et de la diversité des pollinisateurs). Dix ruches sont également installées depuis 2015 dans le potager de Madame Elisabeth. Le conseil départemental, propriétaire du domaine, a mis en place, dans les collèges du département, des activités pédagogiques liées à la préservation de l’environnement. Les élèves peuvent également assister à l’extraction du miel qui se fait sur site, et où se récolte près de 300 kg de miel par an !
La préservation d’une tradition
Anne-Cécile Bonnet a tout appris dès l’âge de 10 ans grâce à son père qui avait alors une quarantaine de ruches. Sensible à l’engagement zéro-phyto, c’est sur la Colline Montbauron et près de la Porte des Matelots qu’elle a implanté ses proches ruches : un cadre de rêve pour les abeilles qui y butinent. La préservation d’une tradition et de l’environnement sont les principales motivations d’Anne-Cécile. Elle se réjouit du maillage de petits apiculteurs, comme elle, qui s’installent dans des villes comme Versailles, tout en reconnaissant néanmoins que l’apiculture est devenue bien plus technique au fil des ans : fertilité et longévité des reines amoindries, lutte contre les parasites et autres difficultés viennent complexifier la tâche. L’enjeu est de taille ! Anne-Cécile organise deux dégustations vente par an : du miel, bien entendu, mais aussi des gourmandises telles que le Nut&Miel (noisettes du Piémont bio pilées et miel), le Miel&Noix (noix entières bio et miel) et du pain d’épices au cédrat.
Don’t worry, bee Api!
Vous paniquez encore au bourdonnement d’une abeille ? Allez faire un stage chez Alain Bebon ! Ici pas d’inquiétude : « mes abeilles sont gentilles, elles ne piquent pas » assure-t-il en caressant tendrement une de ses protégées. Pour lui, faire de l’apiculture était un rêve. Grâce à une reconversion professionnelle à 180°, cet ancien directeur commercial a trouvé le terrain idéal : un jardin de 7000 m2, du calme, et surtout de nombreux arbres fruitiers dont tilleuls, châtaigniers et acacias au couvent des Sœurs Servantes du Sacré Cœur de Jésus à Versailles. Avec une quinzaine de ruches, il récolte entre 200 et 300kg de miel par an. Mais pour lui ce n’est pas le plus important. Ce passionné d’abeilles, qui les attrape à mains nues et reconnaît leur humeur à leur bourdonnement, veut faire de l’élevage de reine. Car c’est bien là le nerf de la guerre : elle seule est reproductrice mais elle ne vit qu’entre 2 et 5 ans, ce qui n’est pas suffisant pour pallier à la disparition des abeilles. Non content d’œuvrer en France, Alain part régulièrement en Afrique avec l’association Apiflore pour sensibiliser les populations aux ravages qu’engendre la disparition des abeilles et transmettre l’art de l’apiculture. « Travailler avec les abeilles c’est que du bonheur » confie l’happy-culteur. Et visiblement, elles le lui rendent bien, puisque que son miel est médaillé d’or et d’argent au concours du miel d’Île de France !
Hexagone Apiculture : un rucher école pour citadins
L’exemple de ces apiculteurs nous donnerait l’envie de s’y mettre ! C’est avec l’idée de « rendre accessible l’apiculture aux cadres urbains de Versailles Grand Siècle » que Florian Von Saenger et Yves Quilain ont fondé l’association Hexagone Apiculture. L’association a pour vocation de former des apiculteurs amateurs débutants qui, pour certains, vont ensuite implanter leur propre ruche en bénéficiant des enseignements dispensés par Alban Augé et du cadre proposés par l’association. Deux premières ruches ont été implantées à l’IFSTTAR, dans le quartier Satory. Grâce au soutien de la mairie, une convention a été signée avec Versailles Grand Parc, afin de permettre l’implantation de deux ruches supplémentaires sur le terrain de la pépinière d’entreprises, quartier Montreuil. Trois autres ont été installées dans le jardin de la Clinique de la Porte Verte. Ce rucher-école, qui met la pratique bien plus en avant que la théorie, est unique sur Versailles. Certains apiculteurs amateurs essaiment même en dehors de l’association, forts de cette expérience ! « Un effet boule de neige », nous confient Florian et Yves, qui espèrent proposer une première récolte du miel estampillé « Versailles Grand Siècle » à l’automne.
Vous l’aurez compris, mieux vaut ne pas être apiphobe pour vivre à Versailles ! Si Paris fait le buzz avec ses ruches sur les toits, la ville royale n’est pas en reste. Mais rassurez-vous, les apiculteurs nous l’ont dit : l’abeille ne lèche pas les assiettes ; quand elle vole, elle ne redescend que sur une fleur. Le miel de Versailles en revanche se lèche avec délectation ! La Mairie offre un pot de son miel aux nouveaux mariés, et pour les autres, on en trouve dans de nombreuses boutiques citées ci-dessous !
Pour aller plus loin
Ma Ruche à la Maison (Alban Augé) |8 avenue Jules Ferry|78340 Les Clayes sous Bois|www.maruche-versailles.com
Miel et bonbons en vente à Versailles au Carré bio (42 rue Royale), à La petite Chocolaterie (63 rue Royale), à La Route du thé (26 rue de Satory), chez Gaulupeau (44 rue de la Paroisse), et au Chesnay Chez Christelle (2 av de Maintenon)
Miel de la Colline et Miel de Versailles (Anne-Cécile Bonnet) | lemieldeversailles@gmail.com
Le Miel du Roi Soleil (Alain Bébon)|109 avenue de Paris|78000 Versailles|a.bebon@lemielduroisoleil.com
Miel en vente à Maison La Varenne (9 passage des 2 portes), à la Boulangerie Guinon (60 rue de la Paroisse), au Moulin de Versailles (18 rue des Chantiers), à L’Atelier des saveurs (8 rue de la Chancellerie)
Hexagone Apiculture (Florian Von Saenger et Yves Quilain)| xhexagone@numericable.fr