Chantiers : un quartier de Versailles qui grimpe
Après vous avoir brossé le portrait des quartiers de Montreuil et Porchefontaine, c’est au tour de celui de Versailles Chantiers.
Un Versailles de brique et d’acier, au style néo-industriel, qui ne cesse d’évoluer et de grimper dans le cœur des habitants ; mais surtout, qui a de l’avenir !
Origine du quartier
On l’appelle « Les Chantiers » parce que c’est ici qu’on stockait les matériaux et qu’on préparait les charpentes pour la construction du Château de Versailles. « La rue de Limoges en témoigne car on faisait venir pour cela les limousins, spécialistes de ces structures » nous raconte Jacques Merle, président de l’association Comité de Sauvegarde de Versailles Chantiers. Depuis 50 ans, son association œuvre au service des 10 500 résidents afin de faire entendre leurs besoins et de dialoguer avec la mairie sur les aménagements et les transformations à venir. Depuis son arrivée comme jeune marié, il y a 34 ans, le quartier a bien changé. Si la librairie, la poissonnerie et la brasserie artisanale ont disparu, d’autres commerces ont vu le jour : 2 supermarchés, 3 boulangeries, un boucher-charcutier, et nos chouchous : Les Moulins de Versailles, la Fromagerie de Versailles, Biocoop, ou encore le disquaire vintage Pop Music, le vendeur de vélos En selle Marcel et la jolie brocante Au facteur Cheval. De belles boutiques pour un quartier de plus en plus tendance.
« On peut naître et mourir à Chantiers »
Avec sa maternité à la Clinique des Franciscaines, ses crèches, ses écoles, ses bureaux flambants neufs devant la gare, ses maisons de retraite (Lépine, Providence), son unité de soins palliatifs (Claire-Demeure) et le cimetière des Gonards, on peut en effet passer toute une vie dans le quartier comme le fait remarquer le Père Le Lay, curé de la paroisse Sainte Elisabeth de Hongrie depuis 7 ans. Pour lui, la grande richesse de Chantiers, c’est sa diversité : « on a ici une trentaine de nationalités différentes, des enfants, des personnes âgées, un foyer de personnes handicapées, beaucoup de familles aussi qui viennent s’installer depuis quelques temps. La prison côtoie le centre de Musique baroque, la gare Art déco une ferme agri-urbaine, l’église la mosquée et le temple, bref on est loin du ghetto comme ça peut être le cas dans d’autres quartiers versaillais ». Si cette diversité peut entraîner parfois un sentiment d’insécurité, le Père Le Lay y voit une opportunité à l’ouverture : « il y a une vraie dynamique fraternelle, le réseau d’entraide a très bien fonctionné pendant le confinement : nous avons accompagné 300 personnes au téléphone, les étudiants sont venus faire travailler les collégiens, et beaucoup de personnes sont engagées dans différents services sur le quartier. »
Versailles Chantiers, un quartier qui porte bien son nom
Il semble que nous ayons toujours connu ce quartier en chantiers avec ses mutations successives. La dernière en date, celui du pôle multimodal, a permis de nettes améliorations et de réhabiliter l’image du lieu : « Chantiers a longtemps eu la réputation d’un énorme embouteillage à cause de la rue des états généraux qui était bouchée en permanence et des bus qui prenaient toute la place. C’était une vraie thrombose » commente Jacques Merle. Depuis la rénovation de la gare et de la voirie, la circulation est plus fluide. La percée sur l’avenue de Sceaux a désengorgé le trafic et désenclavé une partie du quartier. Aujourd’hui, ce nouveau pôle avec des logements, des bureaux, le siège de Nature et Découverte et les jardins des étangs de Gobert, vient redorer le quartier de façon significative. Pour Gilles Degroote, qui dirige la Ferme de Nature et Découverte, il est même devenu emblématique de la ville de demain : « pour moi, Chantiers, avec son réseau associatif et sa fibre entrepreneuriale, possède un potentiel énorme ». Cet ancien consultant en transition écologique spécialisé en agriculture et écologie urbaine a fait un retour aux sources en s’installant ici : scolarisé à l’école sainte Agnès et au Lycée Marie Curie, il a grandi dans une résidence rue des chantiers. « Mon enfance ici est marquée par la forêt. De la résidence, on avait un accès direct au bois Saint Martin, et, après l’école, je passais mon temps dans la forêt. C’est elle qui a forgé le garçon que je suis aujourd’hui ». Heureux de revenir au pays, Gilles veut croire en la dynamique de nouvelle jeunesse qui s’opère à Chantiers et compte bien y jouer un rôle : « là où on est installé, on a une dimension historique importante puisqu’on est dans un des deux étangs qui servaient à alimenter les fontaines du château, avec les fondations d’époque, et, en même temps, on a un projet urbain ultra novateur et tendance. La ferme est à la fois un espace de production agricole, de transmission, de formation, de rencontre et notre chalet est ouvert à tous, pour des conférences, des réunions, team buildings, séminaires… Je veux que chacun puisse venir s’inspirer de ce lieu plein d’énergie » explique t-il, enthousiaste.
Cette mutation n’est cependant pas terminée et les Chantiers encore finis. Côté SNCF, les projets de lignes de métro du Grand Paris Express qui relieront Versailles à Massy et Orly vont probablement accroître l’attractivité du quartier. A plus court terme, le déménagement de la maison de quartier va également jouer un rôle majeur dans le devenir de la communauté. « Le quartier est coupé en deux par le pont, ce sont deux mondes qui, accentué par la suppression du bus, ne communiquent pas » regrette le Père Le Lay. « Il nous manque un cœur de village, avec un marché » fait aussi remarquer Elodie, nouvellement arrivée rue des chantiers et qui déplore l’absence de commerces dans cette partie. « Chantiers n’a pas vocation à être un couloir de bus » rappelle le curé, attentif à ce que les personnes et la qualité de vie restent les principales préoccupations des responsables politiques. Remettre la maison au centre des deux parties, près du stade et du square, permettra sans doute de favoriser le lien social auquel tous les habitants aspirent. C’est d’ailleurs l’enjeu pour beaucoup : « Chantiers est un quartier qui brasse du monde, où les gens se croisent, chacun vit dans son îlot, mais il manque des ponts. Il faut transformer ce lieu de passage avec des lieux de vie pour s’arrêter, se retrouver et créer des synergies » estime Anne-Cécile de la Martinière, fondatrice de notre site collaboratif zOOm Versailles. Avec plus d’espace et notamment une salle de spectacle de 1200 places, Jacques Merle espère lui aussi beaucoup de la nouvelle Maison de quartier qui pourra enfin réunir la population autour d’événements fédérateurs.
Bref, si d’autres quartiers dans Versailles sont davantage tournés vers le passé avec la conservation du patrimoine, le quartier des Chantiers, lui, semble résolument tourné vers l’avenir avec un potentiel qui reste largement à explorer et qui promet encore beaucoup de nouveautés !
Pour en savoir plus
Ecoles maternelles et primaires : Sainte Agnès, Edmée Frémy | Collèges : Raymond Poincaré et Nolhac | Lycée Marie CurieCentre de Musique Baroque : 22 avenue de Paris 78000 Versailles
Parcs et jardins : le square des Chantiers, les étangs Gobert
Photo à la une : Gare des Chantiers et son nouveau pôle multimodal © Mairie de Versailles
Article écrit par Anaïs Philippon