Arty Fragrance, parfums royaux
Photos@Arty Fragrance
Historienne et écrivain, professeur à l’ISIPCA, nez et consultante pour de grandes maisons, Elisabeth de Feydeau habite Versailles et a toujours été inspirée par le Château et l’esprit qui y régnait au XVIIIème siècle. Il nous paraissait difficile d’imaginer un Noël de créateurs, sans parler de ses bougies parfumées, Arty Fragrance, qui évoquent, avec la plus grande élégance, les senteurs de la Cour, l’esprit Baroque, bref le bel Art de Vivre Français.
Ce n’est pas trahir un grand secret que de révéler que nous sommes plusieurs rédactrices, à zOOm, à travailler dans les effluves de “Jardins et Bosquets”, “L’Aristocrate” ou “Alcôve royale”. Qui a, un jour, humé les bougies parfumées d’Arty Fragrance, ne peut plus s’en passer. Loin des arômes de synthèse, vanillés, trop sucrés, que l’on subit un peu partout, ou des bougies fashion qui ne sentent pas grand chose, on choisit, avec Arty Fragrance, une association unique et subtile, celle de l’Histoire et des parfums. “Le parfum est l’invisible qui se fait présence, c’est la mémoire retrouvée !” explique Elisabeth de Feydeau. “J’ai associé une démarche historique à la création de senteurs résolument contemporaines, afin de restaurer un art de vivre et une élégance qui caractérisent la France. Je travaille à partir d’écrits anciens et des matières les plus nobles de la parfumerie”. Les bougies Arty Fragrance sont toujours réalisées en petites séries, avec une mèche en coton et un mélange cirier traditionnel entre du minéral, du végétal et de la cire d’abeille. Pas étonnant qu’en octobre 2016, sa marque ait été choisie par l’Ambassade de France à New-York, en association avec le magazine de luxe américain “Magnifissance”, pour y représenter le “french savoir-faire”.
L’essence de l’Histoire
A travers ses collections “Royale”, “de la Cour” ou “Baroque”, on découvre un Château de Versailles conté en parfums, dont les bougies sont autant de chapitres. La collection “Royale” est particulière, qui met l’accent sur le contenant : un verre soufflé en bouche, teinté en Gris Trianon, totalement artisanal, donc aucun verre n’est semblable. C’est sous Louis XIV que les parfums entrent à Versailles et Colbert en fait un métier d’art, nanti de privilèges. “A la « Cour Parfumée » de Louis XV, comme on aime à l’appeler, il est de bon ton de changer de parfum chaque jour. La Reine Marie-Antoinette fit triompher le bouquet floral en parfumerie”, raconte Elisabeth. La collection “Baroque” évoque le XVIIIe flamboyant où Paris et Versailles sont des capitales du goût. On craque pour ses cierges tatoués, à l’effigie de Madame de Pompadour ou de la Marquise de Montespan, aussi beaux à regarder qu’à humer. “Je me base sur les chroniqueurs de l’époque pour imaginer une forme de psychologie olfactive, des parallèles avec les senteurs qui parlent toujours un peu de nous. Je suis partie de la réalité historique, des vers de La Fontaine qui évoquaient “les odeurs des jasmins des bosquets” et des écrits sous Louis XV qui parlent “d’oeillets cramoisis” pour la bougie “Jardins et bosquets”… “Lettres persanes”, ma dernière création à base d’Ambre, de Vanille bourbon et de Patchouli, évoque le début de l’Orientalisme, la fascination de la Cour de Versailles pour un Orient fantasmé, la Compagnie des Indes, les étoffes qui arrivaient enveloppées dans des feuilles de Patchouli… Avec son projet L’Odorama, Elisabeth de Feydeau a imaginé un parcours olfactif avec des historiennes d’art, à travers les bosquets du Parc du Château et une initiation aux odeurs, l’art de se parfumer et de parfumer son intérieur, à l’Atelier des Saveurs…
Le roman des parfums
Mais Elisabeth est surtout une historienne qui écrit. C’est lorsqu’elle s’est installée à Versailles, après son départ de Chanel, qu’elle a rencontré l’ancienne Directrice des Collections du Château, Béatrix Saule, qui lançait une collection de livres sur les métiers de Versailles. Elisabeth lui propose alors un livre sur le parfumeur de Marie-Antoinette, qui lui demande près de deux ans de recherche. Jean-Louis Fargeon, parfumeur de Marie-Antoinette (Perrin, 2005) est un des premiers livres sur le parfum, raconté de manière romanesque. Il sort en même temps que le film de Sofia Coppola, Marie-Antoinette, et c’est un immense succès pour laquelle on la demande encore jusqu’en Corée ! Dans son dernier opus, L’Eau de Rose de Marie-Antoinette et autres parfums voluptueux de l’Histoire, nous découvrons les parfums secrets des grands personnages de l’Histoire. Comme la fleur d’oranger que Louis XIV versait dans les fontaines de ses jardins ou Cléopâtre qui se parrait de parfums à base de jasmin ou de myrrhe. Elle a également écrit Les Parfums : dictionnaire, anthologie, histoire (Robert Laffont, 2011), L’Herbier de Marie-Antoinette (Flammarion, 2012, sous la direction d’Alain Baraton) et Le Roman des Guerlain, parfumeurs de Paris (Flammarion, 2017). Depuis 2013, elle est chroniqueuse à l’émission Sous les jupons de l’histoire, animée par Christine Bravo et diffusée sur Chérie 25, comme historienne, et se déplace sur les lieux où ont vécu l’Impératrice Elisabeth d’Autriche, Gabrielle d’Estrées, La Montespan, Sarah Bernhardt ou Joséphine Baker. Avec Elisabeth, l’Histoire est un roman, dont chaque page a ses arômes.
Retrouvez ses créations, à Versailles, à l’Atelier des Saveurs, dans la Cour des Senteurs, chez Cristal 24, rue Baillet-Reviron, dans la Boutique des jardins au Château de Versailles et chez MacPherson’s colors, rue du Vieux Versailles.