Arboretum de Versailles-Chèvreloup : une expérience unique dans un espace naturel et paysager de 200 hectares

France Martin-Monier - 19 septembre 2023

“Forêt silencieuse, aimable solitude. Que j’aime à parcourir votre ombrage ignoré !” Peut-être que l’Arboretum aurait pu inspirer ces vers à Chateaubriand, car il y règne une étonnante atmosphère de quiétude. Nous sommes d’ailleurs invités à nous assoir et rêver : quelques transats sont disséminés à l’ombre des arbres. 
En effet, sur plus de 200 hectares, ce musée de l’arbre regroupe plus de 2 500 espèces et variétés, la plus riche collection du genre en Europe occidentale. Gérés par le Muséum d’Histoire naturelle, les arbres sont regroupés par continent et par région offrant un tour du monde végétal. L’Arboretum souhaite répondre à deux objectifs. Un objectif scientifique, en proposant une base de données de tous les arbres identifiés et étiquetés (lieu de récolte des graines, date de plantation, classification…) et un terrain de recherche de choix en génétique, pharmacologie, écologie ou physiologie. Et un objectif pédagogique, en invitant le grand public à découvrir l’endroit en famille, entre amis, lors d’une sortie scolaire pour un voyage initiatique. 

zOOm est allé s’y balader pour vous avec une petite troupe d’enfants et sous la houlette de Michel, médiateur.

© ArtShooting/Gwenola de Crémiers

Quelques dates pour ne pas oublier qu’à Versailles, l’histoire n’est jamais très loin…

Les premières traces d’un hameau de Chèvreloup (Capra Lupi) remontent au XIIIe. En 1685, Louis XIV achète ce hameau qu’il détruit et les terres sont intégrées dans le parc pour étendre son domaine de chasse et dévier les eaux qui y coulent au profit des bassins du Grand Trianon. Il fait creuser le réservoir de Chèvreloup dont nous pouvons encore observer l’étendue aujourd’hui, mais en argile et sans entretien, celui-ci ne peut plus contenir d’eau.

Au XVIIIe siècle, Bernard de Jussieu, botaniste célèbre, crée un jardin botanique en limite de Chèvreloup qui sera détruit à la mort de Louis XV. Pendant la Révolution, les terres sont vendues à des particuliers puis rachetées par Napoléon en 1806. Les terres sont mises en fermage.

Le manque de place et la mauvaise qualité de la terre du Jardin des Plantes font émerger l’idée d’une collection d’arbres plantés à Chèvreloup aux XIXe et XXe siècles. En 1921, le domaine est attribué au Muséum national d’Histoire naturelle pour y développer un jardin botanique. Désirée Blois, professeur au sein du Muséum, établit le projet des collections avec arbres, arbustes, rosiers… Et François-Benjamin Chaussemiche, architecte du domaine de Versailles, établit le plan paysager à la française. Les travaux débutent en 1922. Il nous reste de cette époque l’élégante allée de cèdres bleus longue de 800 mètres.

Durant la Seconde Guerre mondiale, 2 000 parcelles de jardins familiaux sont attribuées aux habitants qui meurent de faim, et les herbivores du parc zoologique de Paris y sont installés devant la difficulté d’alimentation en foin. Le reste est laissé à l’abandon et tout sera à reconstruire.

En 1967 est relancé le développement du domaine avec : un plan paysager plus libre et naturel, de nouvelles circulations, puis le creusement de l’étang aux hérons en 1975, le renouvellement des plantations, à ce jour de 400 environ par an. Mais ici, les futurs arbres arrivent sous forme de graines et il faut parfois attendre dix ans entre la réception de la graine et la plantation d’un jeune arbuste sur le terrain.

Sont installées des serres horticoles pour produire les 60 000 plantes des massifs du Jardin des Plantes (au printemps et à l’automne) et des serres botaniques pour abriter les collections tropicales trop à l’étroit dans le Jardin des Plantes.

© ArtShooting/Gwenola de Crémiers

L’Arboretum offre un tour du monde végétal à Versailles

Le voyage permet de découvrir 250 espèces d’arbres d’Europe, 960 d’Asie, et 700 d’Amérique du Nord. Les premières plantations ont été réalisées entre 1924 et 1935 : vous admirerez les beaux alignements de platanes et de noyers noirs d’Amérique, de cèdres de l’Atlas. 50 variétés horticoles de cyprès de Lawson valent le détour et constituent un dédale où l’on peut presque se perdre. Admirez les érables avec plus de 400 arbres ou les chênes au nombre de 500, 100 tilleuls, 80 variétés de conifères (épicéas, pins et sapins).

Le site abrite une pluralité de paysages : ruisseaux, mares, étang, bois, haies, prairies et sols variés propices à une grande diversité de végétaux. Une très faible proportion du parc est jardinée pour laisser s’épanouir prairies fleuries, fauchées une fois par an seulement. Au pied des arbres et dans les sous-bois, la nature est laissée libre de s’exprimer et peut accueillir ainsi papillons, coléoptères, mouches et autres insectes attirés par les fleurs du domaine, ainsi que des rapaces, des chevreuils, des canards, des hérissons…

Les serres tropicales couvrent 6 000 m² et recréent des climats variés depuis les zones désertiques jusqu’aux forêts tropicales humides de montagne. Se pressent des orchidées, des fuchsias, des pélargoniums, des palmiers d’Amérique centrale et des Caraïbes, des aloès, des plantes d’Afrique du Sud ou des plantes malgaches.

© ArtShooting/Gwenola de Crémiers

L’Arboretum de Versailles-Chèvreloup : de multiples propositions de visites pour tout public

L’entrée est gratuite pour les moins de 18 ans, de 5 € pour les 18/25 ans et 7 € au-delà (l’entrée est gratuite chaque premier dimanche du mois). Un pass annuel au tarif de 17 € est proposé. Petit plus, vous pouvez venir à vélo et circuler dans les allées et même pique-niquer.

Que de trésors glanés ici et là ! Vos enfants reviendront avec un rosé des Près (Agararicus Campestris) ; une feuille qui sent le caramel, celle du Cercidiphyllum japonicum des pommes de pins ou les trognons de celles-ci (le reste ayant été dévoré par l’écureuil) ; des noix ; une feuille de plantain lancéolé aux nombreuses vertus nous indique Michel (il calme les piqûres, peut se manger en salade quand il est tout jeune ramassé au printemps, et peut se boire en tisane) ; une fleur de pissenlit ; des plumes ; des feuilles de ginkgo biloba ou arbre aux quarante écus, le prix payé par un botaniste français pour 5 plants de ginkgo à un botaniste anglais en 1788.

© ArtShooting/Gwenola de Crémiers

Ici, tout est fait pour le bonheur des sens, et si vous faites la visite avec Michel, vous aurez aussi le plaisir d’apprendre. Alors n’hésitez plus à vous rendre à l’Arboretum pour faire le plein de découvertes ! 

Arboretum de Versailles-Chèvreloup | 30 route de Versailles 78150 Le Chesnay-Rocquencourt | www.arboretumdeversailleschevreloup.fr | 01 39 55 53 80 | chevreloup@mnhn.fr

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Photo à la une : © ArtShooting/Gwenola de Crémiers

 

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